«Mon petit crabe est privé de sucre»
S’inspirant des recommandations d’un chercheur français, Benoît Rozain lutte à sa façon contre le cancer.
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Laurent Grabet
20 juillet 2016 à 07:00
Cancer » Benoît Rozain est un miraculé. A moins que ce solide Jurassien de 68 ans, résidant sur la côte vaudoise n’ait simplement la tête dure, bien pleine et bien faite. Quoi qu’il en soit, ce prêtre orthodoxe «de métier», atteint d’un cancer du pancréas à évolution rapide, devrait être mort depuis des mois. C’est tout au moins ce qu’un oncologue du CHUV lui avait prédit il y a plus d’un an. «Quand en mai 2015, j’ai refusé l’ablation partielle mais néanmoins handicapante qu’il me proposait et qui devait me sauver pour me soigner autrement, ce spécialiste était sincèrement désolé. Il m’a alors mis en garde comme quoi je risquais de décéder dans les six mois!» se souvient Benoît Rozain.
Quinze mois plus tard, le sexagénaire semble pourtant à nouveau bon pied bon œil. S’il a perdu 20 kilos dans la bataille, ce n’est pas parce que son «petit crabe», comme il appelle sa maladie, l’en a privé. Mais car l’homme de foi a décidé de le mettre au régime sans sucre s’inspirant en cela des prescriptions du célèbre médecin et chercheur français Laurent Schwartz (lire ci-dessous).
Un régime draconien
Grosso modo, le «régime cétogène», que ce scientifique recommande à ses patients, consiste à priver leur organisme de quasiment tout sucre. «Je mange comme nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, à savoir uniquement des protéines et certains légumes.Je n’ai droit ni aux fruits, ni au riz ni aux patates et encore moins à l’alcool, car tout cela booste les cellules cancéreuses. Le sucre est en effet leur carburant. C’est médicalement connu puisque le fameux test PET scan (consistant à injecter une solution sucrée et légèrement radioactive dans le corps du malade pour voir où se situent les cellules cancéreuses, ndlr) utilise cet état de fait», rappelle Benoît Rozain.
Lequel se contente en parallèle de son régime draconien d’ingurgiter quotidiennement deux compléments alimentaires à base de plantes et de consommer du bicarbonate de soude pour détoxifier son organisme. «Le tout me coûte à peine une centaine de francs par mois», précise-t-il sous les yeux de sa femme Corinne, 51 ans. Cette dernière est médecin généraliste et ostéopathe. «Elle est clinicienne, à savoir que d’éventuelles analyses viennent étayer son diagnostic et non pas l’inverse comme souvent… Malheureusement, de nos jours, trop de médecins ne sont compétents que sur les bases formatées de ce qu’on leur a appris à la fac», affirme ce lecteur convaincu du best-seller La mafia médicale.
Au départ sceptique et inquiète, son épouse approuve désormais sa démarche et en constate l’efficacité tout comme leurs trois enfants. Et les IRM confirment un recul spectaculaire de la tumeur.
La maladie est son «amie»!
«Le pain et les pommes me manquent un peu mais à part ça, ce régime ne me pèse pas. Je l’accepte facilement car grâce à lui je me sens à nouveau bien.» Benoît Rozain aligne en effet les marches de 8 km alors qu’au début de sa maladie monter au troisième étage de sa maison de Lully (VD) relevait du calvaire.
L’homme de foi n’a en revanche jamais douté de sa décision. «Dès que je l’ai prise, une paix, signature du ciel, s’est installée en moi, explique-t-il joliment. Et puis je n’ai jamais eu peur de la mort qui pour moi n’est qu’un passage. La maladie est arrivée de manière naturelle et il me semble juste qu’elle reparte de la même façon!»
Le sexagénaire la voit comme «une amie». «Je devrais même l’aimer car elle a des choses à me dire.» Parallèlement à son régime, Benoît Rozain tente de comprendre les causes via le décodage biologique. Cette discipline postule que chaque maladie ne fait que graver dans le corps des problèmes d’origine psychique. Comprendre lesquels et les accepter suffirait à guérir. «Le pancréas cristallise la colère et les vieilles rancunes et c’est dans cette direction que je creuse en ressortant des tiroirs des blessures d’enfance que je réexamine avec bienveillance. C’est très bénéfique!» conclut le prêtre qui, décidémment, se soigne de manière aussi efficace que peu orthodoxe!
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3 question à ...
Laurent Schwartz, cancérologue au Hôpitaux de Paris et chercheur spécialisé dans le cancer
En quoi le sucre joue-t-il un rôle central dans le cancer?
Mon équipe de recherche et moi-même avons commencé à réécrire les bases mêmes de la cancérologie voici 25 ans à l’Ecole polytechnique. Quelque 20 000 souris plus tard, nous sommes arrivés à la conclusion que le cancer se résume à une fermentation, que des cellules se gorgent de sucre qu’elles ne parviennent plus à brûler et donc prolifèrent.
Adopter un régime cétogène suffit-il à se soigner?
Diminuer les apports en sucre, véritable carburant des cellules cancéreuses, a un effet réel et important. Mais seul, ce régime ne suffit pas. Il doit être associé à des chimios légères ou à la prise de compléments adéquats. Procéder ainsi normalise le métabolisme et permet aux cellules de se remettre à brûler efficacement le sucre. Cela semble plutôt simple. Pourquoi n’est-ce pas appliqué massivement? Car une partie du monde médical en est encore à penser que seules des molécules chères et complexes peuvent venir à bout du cancer. Mais heureusement, les choses sont en train de bouger. De plus en plus de scientifiques et de patients commencent à comprendre les limites de cette ancienne vision et surtout l’espoir qu’une approche différente peut apporter.
Cela semble plutôt simple. Pourquoi n’est-ce pas appliqué massivement?
Car une partie du monde médical en est encore à penser que seules des molécules chères et complexes peuvent venir à bout du cancer. Mais heureusement, les choses sont en train de bouger. De plus en plus de scientifiques et de patients commencent à comprendre les limites de cette ancienne vision et surtout l’espoir qu’une approche différente peut apporter
>> PROPOS RECUEILLIS PAR LG
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Scepticisme officiel
A l’image de l’oncologue du CHUV Solange Peters, la médecine officielle est encore sceptique quant à l’efficacité du régime cétogène pour soigner les cancers. «Aucun article scientifique n’a prouvé l’influence du sucre sur les cellules cancé- reuses, explique la médecin lausannoise. Une alimentation équilibrée, variée, protéique, régulière, suffisamment calorique et qui convienne individuellement à chaque personne est la base nécessaire au succès de tout traitement anticancéreux.» LG
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