Quand le Net désinforme
Liées aux attentats du 11 septembre ou au meurtre de John Kennedy, les théories du complot prolifèrent. Que sont-elles vraiment? Explications
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Maximilian Richon
31 janvier 2017 à 05:00
Complotisme » D’un point de vue scientifique, la théorie du complot est «l’explication de certains événements qui va à l’encontre des théories officielles, à travers les agissements d’un groupe secret aux intentions néfastes», explique Pascal Wagner, professeur de psychologie à l’Université de Fribourg et spécialiste de la question. «Souvent, les complotistes se basent sur des données errantes, c’est-à-dire des éléments anodins, des faits officiels sur lesquels ils basent toute leur théorie. Cela peut être un détail dans une photographie, une vidéo ou un rapport de police.» Mais pour certains, comme Nicolas Bernardini, 24 ans et adepte des théories du complot, elles sont une autre façon de voir le monde: «S’il existe la possibilité d’agissements dangereux au sein de notre société, cela mérite que ce risque soit vérifié, bien que les théories semblent farfelues.»
Cette tendance s’est accrue ces dernières années à cause d’internet. Sur le web, les théories se multiplient et se propagent. «Il y a une forme de déséquilibre car il y a beaucoup plus d’informations non vérifiées que vérifiées. Certaines personnes motivées en profitent et ont créé de véritables business à travers des vidéos ou des livres», précise Pascal Wagner. Si la tendance est plus forte depuis peu, c’est un phénomène qui a toujours existé. Les théories sataniques et antisémites sont aussi vieilles que l’Eglise chrétienne. Celles-ci sont d’ailleurs toujours au goût du jour. On constate que les gens qui adhérent à une théorie du complot le font plus facilement avec d’autres, c’est ce qu’on appelle une «mentalité complotiste», explique Pascal Wagner.
Différents facteurs
Il y a de nombreux facteurs qui amènent plus facilement à croire à ces théories. Certains profils psychologiques, comme une légère paranoïa ou anxiété, mais aussi une méfiance des autorités ou encore un raisonnement plus intuitif qu’analytique peuvent pousser à y croire. Ce dernier aspect est confirmé par Nicolas Bernardini: «Douter de tout est une meilleure position que de croire en tout. Il est très difficile pour un citoyen lambda de s’informer d’un point de vue critique. Je préfère donc faire confiance à mon instinct.»
En plus de ces facteurs, il y a aussi certains biais cognitifs. «Ce sont des mécanismes de pensée qui amènent à des erreurs de raisonnement. Les complotistes ne se concentrent que sur ce qui réfute la théorie officielle. Ils n’ont pas le même regard critique vis-à-vis des sources complotistes», explique Pascal Wagner. C’est aussi l’avis de Samuel Lauper, 23 ans, se considérant contre les théories du complot. «Une personne adhérant à ces théories pense qu’elle détient une vérité absolue et cela sans nuancer ses propos. Je pense qu’il est juste de douter de tout, mais il faut remettre en cause tous les éléments, pas seulement ceux qui valident notre théorie.»
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