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Victoire de Trump. la presse mondiale catastrophée

«Tragédie», «catastrophe», «victoire de la colère» ou «revanche» des petites gens: la presse mondiale s'accordait mercredi à voir avant tout dans la victoire de Donald Trump le triomphe du populisme et l'arrivée d'une présidence imprévisible. Tour d'horizon.


ATS

ATS

10 novembre 2016 à 12:36


Les «Unes» de la presse mondiale

«La victoire de la colère», titre le quotidien français «Le Monde», voyant dans l'arrivée au pouvoir de Trump une victoire qui «confortera les mouvements et leaders populistes du monde entier». Et dans sa promesse de «rendre sa grandeur à l'Amérique» un signal «de repli et d'isolationnisme».

«Trumpocalypse», titre «Libération». «Ne nous y trompons pas: la première puissance mondiale est désormais aux mains de l'extrême droite. La moitié des Américains ont voté, en toute conscience, pour un candidat raciste, menteur, sexiste, vulgaire, haineux (...) Cette élection est un avertissement supplémentaire pour ceux qui pensent que Marine Le Pen ne peut parvenir au pouvoir en France en 2017».

«Le Figaro» voit dans «la colère américaine» qui porte Trump au pouvoir «la grande cousine des frondes européennes. Cette nouvelle réalité ne se dissoudra pas comme un ciel empoudré au soir d'un combat. Ni sur une rive de l'Atlantique, ni sur l'autre». «Le choc Trump», titre pour sa part le quotidien belge «Le Soir». «Une victoire du populisme inimaginable et honteuse», écrit «La Libre Belgique». «Le Huffington Post» parle de «stupeur et tremblement».

«L'inimaginable est devenu réalité»

En Allemagne, le «Süddeutsche Zeitung» déplore «la pire catastrophe possible (...) L'inimaginable est devenu réalité». A Londres, le «Guardian» renchérit: «Le peuple américain a plongé dans l'abîme. Le prochain président est un homme sectaire et instable, un prédateur sexuel et un menteur invétéré. Il est capable de tout».

Le tabloïde «Daily Mail» salue, lui, «la revanche» des petites gens, et «une humiliation pour Hillary, pour les sondeurs et pour les élites des affaires et du showbusiness».

En Italie, la «Stampa» est moins pessimiste. Sous le titre «Trump, un ouragan de rage et de mécontentement», il estime que «la victoire de Trump confirme la vitalité de la démocratie américaine, capable de se transformer continuellement», même si elle provoque «un déluge d'incertitudes liées à l'imprévisibilité du vainqueur». En attendant, ajoute-t-il, «le reste du monde doit digérer ce qui s'est passé cette nuit: le peuple de la révolte frappe à nos portes».

En Australie, l'éditorialiste économique des journaux du groupe Fairfax Media est catastrophé, prédisant une «instabilité financière extraordinaire» et le risque de voir Trump «déstabiliser la première économie mondiale en poussant sa dette à plus de 100% de son PIB».

Quel président sera Donald Trump, se demande la presse suisse

L'accession à la présidence américaine de Donald Trump est dans tous les éditoriaux de la presse suisse jeudi. Entre stupeur, pessimisme et incertitude, certains tentent de comprendre pourquoi tandis que d'autres se demandent comment se construira la suite.

Pour la «Tribune de Genève», l'arrivée du magnat de l'immobilier à la Maison Blanche est une «révolution». «Un retournement qui restera dans l'Histoire comme l'un des plus invraisemblables coups de théâtre de la démocratie occidentale», écrit pour sa part «24 heures». «La surprise est à la mesure de notre aveuglement». Ni les sondages ni les experts n'ont prévu que «le peuple rural et ouvrier était prêt à prendre sa revanche», selon le quotidien vaudois.

«Aveuglés par leurs certitudes, médias sondeurs et rivaux n'ont pas vu que le rase-mottes du rusé républicain lui servait à se rapprocher du 'peuple', ou du moins d'une partie du peuple se sentant incomprise», résume «La Liberté».

Et la prise de conscience s'avère tardive, constate «Le Temps». «Les élites ont un biais dont elles n'arrivent pas à se départir. Et les journalistes ne se frottent pas assez à la population aux mains calleuses, aux petits employés ou aux plus jeunes dont les opportunités se réduisent considérablement».

Capter la colère du pays

Hillary Clinton, parfaite incarnation de cet «establishment» politico-financier honni, n'accédera même pas au statut de présidente par défaut, relève le journal du bout du Lac. Pour «La Liberté», l'ancienne First Lady paie aussi «son incapacité à mobiliser les jeunes, les Noirs et les latinos, de même que les femmes».

Et le quotidien fribourgeois de relever que face à elle, «Donald Trump a su au contraire capter la colère du pays de l'intérieur (par opposition aux côtes ouvertes sur le monde) et de l'Amérique blanche».

Rendez-vous en France?

L'élection de Donald Trump «légitime le discours de haine, galvanisant ainsi les partis populistes du monde entier», affirme Le Nouvelliste qui souhaite à ses lecteurs la «bienvenue dans l'ère de la politique-spectacle décomplexée». «Trump incarne ce que la politique est en train de devenir, un peu partout. Violence, grossièreté, vulgarité», note «Le Matin» qui souligne cette inquiétante équation: «Mieux dégoûter pour mieux gagner».

Les recettes simplistes aux problèmes complexes ayant apparemment la cote, la «BaslerZeitung» envisage également que d'autres Etats puissent vivre la même expérience de défiance envers les «élites». Tandis que «24 heures» donne déjà rendez-vous en France le 7 mai 2017, date de l'élection présidentielle où la cheffe du Front National pourrait passer au second tour.

En attendant, le monde va être ébranlé pendant des années par ce qui vient de se passer aux Etats-Unis, prédit le journal zurichois «Tages-Anzeiger». Mais le monde pourrait aussi «s'améliorer» sous ce 45e président. Le «Tagi» considère comme positif le fait que Donald Trump veuille réfléchir au rôle - pas toujours couronné de succès - de gendarme de la planète que joue parfois son pays.

Dialogue possible

Le plus grand danger de la présidence de Donald Trump concerne la politique étrangère, estime la «Neue Zürcher Zeitung». Personne ne pourra empêcher le septuagénaire de résilier le contrat qui lie les Etats-Unis à l'OTAN, de draguer le président russe Vladimir Poutine ou de retirer les conseillers américains de Syrie ou d'Irak.

«Trump n'est pas le mal. Il est juste le symptôme d'une démocratie malade et sans mémoire», estime «Le Nouvelliste». Pour le «Bund», les Etats-Unis ne sont toutefois pas au bout de la démocratie, même avec Donald Trump. Le quotidien bernois rappelle que le système américain a des ressources pour contrer son nouveau président. Il est possible que l'homme n'ait été aussi fou que le temps d'accéder à la présidence et qu'il soit désormais possible de dialoguer avec lui.

«Plus jamais comme avant»

«Dès aujourd'hui le monde s'engage dans un 'stress test' grandeur nature», énonce la «Tribune de Genève». Sera-t-il un bon président, s'interrogent plusieurs éditorialistes. Il est en tout cas le plus improbable de l'histoire récente des Etats-Unis, écrit la «Nordwestschweiz». Dans le bon scénario, il pourrait, comme autrefois Ronald Reagan, être un grand président. Dans le pire des cas, le monde court à sa catastrophe.

La capacité de jugement de M. Trump est meilleure que ce que beaucoup pensent, écrit la «Weltwoche». Le républicain n'est pas un «penseur», mais il est rusé. Et il a toujours été pragmatique. «On verra», lance l'hebdomadaire.

La question de l'avenir à court et moyen terme reste sans réponse. «Nul ne le sait en vérité», souligne la «Tribune de Genève». «Ce que nous savons en revanche, c'est que le monde ne sera plus jamais comme avant», conclut la «BaslerZeitung».

La presse américaine ne cache pas sa grande surprise 

La presse américaine ne cache pas sa grande surprise face à la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine. De nombreux journaux soulignent une défaite des élites politico-médiatiques face à la colère et la peur des laissés-pour-compte.

«Surprise», «étonnement», «bouleversement», «improbable», impensable»: ce sont les mots les plus souvent choisis dans les titres des médias à travers les Etats-Unis. Plusieurs d'entre eux s'étonnent d'un tel «triomphe» même du magnat de l'immobilier. Au passage, des éditorialistes et commentateurs politiques admettent volontiers s'être complètement trompés.

«Le président Donald Trump. Trois mots qui étaient impensables pour des dizaines de millions d'Américains», écrit le «New York Times», qui reconnaît «un coup humiliant pour les médias, les sondeurs et l'élite démocrate». C'est véritablement l'ampleur des chiffres en faveur de Trump qui surprend le plus dans le paysage médiatique américain.

A l'instar d'«USA Today», le «Washington Post» y voit la victoire «des électeurs ruraux et des zones industrielles sinistrées qui estiment que l'élite politique les a abandonnés».

Le «Post» espère «que M. Trump sera un meilleur président que nous ne le craignons», et que la force des institutions démocratiques l'empêchera de «déporter des millions de gens, déchirer des accords commerciaux, limiter la liberté de la presse (...) et saboter les efforts mondiaux pour lutter contre le changement climatique» comme annoncé au cours de sa campagne.

Le succès de Trump auprès des classes laborieuses blanches

Nombreux sont les médias qui mettent en évidence le succès de Trump auprès des classes laborieuses blanches. Fox News salue «la majorité silencieuse qui a porté Trump vers la victoire», le «Chicago Tribune» évoque carrément une certaine «revanche» des ouvriers blancs. Le «Miami Herald» doit lui aussi constater le «boost» de la Floride dans le succès de M. Trump.

Le média ultra-conservateur «National Review» parle du «plus grand bouleversement dans l'histoire de la politique américaine. «Trump a brisé la ceinture de la rouille (les Etats de la «Rust Belt» indiustriel, ndlr) pour vaincre Hillary Clinton», écrit le bimensuel de référence de la droite républicaine.

L'hebdomadaire néoconservateur «Weekly Standard» estime que Donald Trump a réussi ce que Ronald Regan a réussi. «Trump n'a pas enfoncé le 'Grand Old Party' mais l'a renforcé», ajoute le média pourtant sceptique face au candidat républicain.

Le scepticsime perdure pour «The Atlantic». Le grand magazine bostonien s'inquiète de «l'Age de Trump» qui commence: de la réaction dans le monde à la politique intérieure, avec «un paysage politique remodelé».

«Une tragédie américaine»

«Une tragédie américaine», titre le «New Yorker» qui s'étonne que les Américains aient voté pour le triomphe des forces nationalistes, autoritaires, misogynes et racistes. Le magazine se montre révulsé et profondément anxieux pour l'avenir du pays.

Même pessimisme pour «New Republic»: «Les républicains ont poussé le pays et le monde dans un abysse (...) Nous allons souffrir des conséquences horribles d'une présidence Trump».

A l'instar du «Los Angeles Times», plusieurs médias soulignent néanmoins le changement de ton de M. Trump lors de son discours de victoire. Il a parlé de «partenariat» et non plus de «conflit», relève le grand journal de la côte Ouest.

Il n'empêche, certains médias se demandent à quoi ressemblera la présidence Trump. «L'inconnu» et «l'imprévisible»: voilà deux autres mots que l'on peut lire dans la presse américaine.

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