La Liberté

Une Fribourgeoise à la tête de la sécurité alimentaire

Nomination • La Suisse a obtenu la présidence de la Commission du Codex alimentarius grâce à la nomination d’Awilo Ochieng Pernet. D’origine ougandaise, cette femme de 49 ans vit dans le canton de Fribourg depuis ses 20 ans.

Awilo Ochieng Pernet coordonne désormais une organisation qui compte pas moins de 185 pays membres. © DR
Awilo Ochieng Pernet coordonne désormais une organisation qui compte pas moins de 185 pays membres. © DR

Déborah Loye

Publié le 17.07.2014

Temps de lecture estimé : 4 minutes

A la tête de la Commission du Codex alimentarium, Awilo Ochieng Pernet coordonne désormais une organisation qui compte pas moins de 185 pays membres. Retour sur un parcours emprunt d’engagements et de responsabilités.

- Vous avez étudié le droit à l’Université de Fribourg et êtes présidente de la Commission du Codex alimentarius depuis hier. Comment êtes-vous tombée dans le domaine de la sécurité alimentaire?

Awilo Ochieng Pernet: Je suis une passionnée de sciences. Après le droit, j’ai entrepris une formation en nutrition humaine à l’Université de Lausanne. Puis j’ai fait un master en sciences à l’Université d’Ulster (Irlande). J’ai soif d’apprendre! Je travaille pour le Codex depuis 15 ans. L’alimentation est au cœur de mes préoccupations. C’est la clé de la santé!

- Quel rôle joue la Commission du Codex alimentarius dans la sécurité sanitaire des aliments à l’international?

La Commission est l’organe décisionnel du Codex. Ce sont les comités techniques qui s’occupent de l’élaboration des normes sanitaires. Ils sont répartis entre nos pays membres. La Suisse héberge par exemple le comité pour les eaux minérales naturelles et celui pour les produits cacaotés et le chocolat. La Commission du Codex établit ses normes en s’appuyant sur les avis scientifiques formulés par les experts indépendants de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et de l’Organisation mondiale de la santé. Ces deux institutions pourvoient également à nos besoins financiers.

Vidéo de présentation du travail de la Commission du Codex alimentarius (textes en anglais)

- Cela fait quinze ans que vous travaillez au sein du Codex, quelles évolutions avez-vous observé?

Le rôle de la sécurité alimentaire est maintenant reconnu par le monde entier. Il faut se rendre compte qu’il y a 50 ans, il n’y avait que 25 pays membres, dont la Suisse, qui est l’un des fondateurs. Aujourd’hui, le Codex en compte 185, auxquels s’ajoute l’Union européenne. Nous sommes tous des consommateurs. Dès lors, toute la population mondiale devrait avoir accès à des aliments sûrs.

- Quels sont les défis que vous souhaitez relever durant les trois ans de présidence qui vous attendent?

La transparence de l’organisation me tient beaucoup à cœur. Les normes du Codex sont accessibles sur internet dans nos six langues officielles, de sorte que tout le monde puisse les consulter. Je souhaite également renforcer la participation effective de tous les membres aux travaux du Codex, en particulier celle des pays en voie de développement. Enfin, je souhaite que nous soyons plus proactifs.

- Vous portez de nombreuses responsabilités avec ce poste de présidente. Quel est votre sentiment après cette nomination?

Je savais que j’étais à la hauteur de ce poste. J’ai été élue par deux tiers des membres, donc je me sens portée par l’ensemble de la Commission. Je veux répondre à tous ces gens qui me font confiance.

> www.codexalimentarius.org

***

Avec l’appui de l’OMC

Si la Commission du Codex alimentarius (CAC) établit les normes pour la sécurité sanitaire des aliments, elle ne dispose pas de moyen de pression pour les faire appliquer. «Les normes Codex ne sont pas contraignantes, mais elles le deviennent par référence», indique Awilo Ochieng Pernet, sa nouvelle présidente. Ce sont en effet les seules normes à être utilisées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en cas de litige portant sur la sécurité sanitaire. «Une fois qu’un pays a adopté les normes du Codex pour ses aliments, il est inattaquable devant l’OMC», indique la présidente de la CAC.

En outre, les normes du Codex sont souvent intégrées dans les législations des pays membres. «Le pays qui reprend la norme Codex a la certitude qu’elle est basée sur un avis scientifique indépendant. Il ne doit donc pas mobiliser des ressources supplémentaires pour vérifier sa validité», précise Awilo Ochieng Pernet. DL

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11