Huonder fait marche arrière sur les gays
Église et homosexualité L'évêque de Coire Vitus Huonder fait marche arrière. Le prélat catholique s'excuse dans une lettre "auprès des personnes de sensibilité homosexuelle", suite à ses propos controversés condamnant les homosexuels tenus en Allemagne fin juillet.
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ATS
13 août 2015 à 11:56
La lettre de trois pages a été envoyée mercredi soir à près de 800 collaborateurs de l'évêché de Coire. La missive, adressée aux prêtres, aux diacres et aux employés, est consacrée exclusivement au discours tenu par Mgr Huonder à Fulda (D) lors d'un forum catholique.
L'évêque, connu pour ses positions ultraconservatrices, y a cité des passages de la Bible "condamnant à mort" les auteurs "d'abominations" que sont les personnes qui "couchent" avec des individus du même sexe. Ces propos tirés du texte du Lévitique de l'ancien Testament ont provoqué un tollé.
Dans sa lettre, Vitus Huonder, après des explications compliquées sur le sens de ses propos, s'excuse de façon explicite "auprès de toutes les personnes qui se sont senties blessées par mon discours, en particulier auprès des personnes de sensibilité homosexuelle." Il leur assure que l'Eglise ne veut exclure personne.
Erreurs
L'homme d'Eglise de 73 ans considère comme une "erreur" d'avoir rédigé son texte uniquement "au niveau de la réflexion et sur le plan académique".
C'était également une erreur d'avoir préparé le discours durant les vacances d'été, sans l'avoir fait relire par quelqu'un d'autre. "Mes collaborateurs auraient attiré mon attention sur le danger."
L'évêque de Coire avait déjà indiqué lundi dernier regretter que son exposé ait été mal compris et interprété comme méprisant à l'égard des homosexuels. "Ce n'était pas mon intention", a-t-il alors écrit dans une prise de position, avant de faire référence au catéchisme de l'Eglise catholique concernant la thématique.
Ni crime, ni péché
"Être homosexuel n’est pas un crime ni un péché", a réagi mardi de son côté Charles Morerod, l’évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, dans un entretien au quotidien Le Temps. La conférence des évêques suisses (CES) ne veut elle pas prendre position pour l'instant. Elle le fera après l'assemblée plénière ordinaire qui a lieu du 31 août au 2 septembre.
D'autres n'ont pas attendu pour sortir de leur silence, à l'instar de l'abbé d'Einsiedeln (SZ), Urban Federer, ou de l’évêque de St-Gall Markus Büchel, président de la CES. "Dans une relation, avoir une sexualité responsable est plus important que l’inclinaison homo ou hétérosexuelle", a notamment écrit Mgr Büchel dans une lettre publiée sur le site du diocèse de Saint-Gall.
Deux plaintes
Le discours de Vitus Huonder connaît désormais des suites au niveau juridique. Deux plaintes contre l'évêque de Coire ont été déposées lundi auprès du ministère public des Grisons par la faîtière des organisations d'homosexuels de Suisse Pink Cross et une personne privée du canton de St-Gall. Elles l'accusent d'incitation publique au crime ou à la violence.
Si l'évêque est inculpé et jugé, il risque jusqu'à trois ans de prison. Le ministère public examinera les deux plaintes. Contrairement aux politiciens et aux juges, les évêques ne bénéficient pas de l'immunité contre des poursuites judiciaires.
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