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Forum/Courrier des lecteurs

Avec Dublin, la Suisse sacrifie la vie de Burundais comme moi


8 mars 2023 à 02:01

A fin février, environ 200 personnes ont embarqué dans un caïque à Izmir (Turquie). Le bateau ne s’est pas dirigé vers les proches côtes grecques, par crainte d’être repoussé comme tant d’autres. Il s’est mis en route en direction de l’Italie. Quelques jours et mille kilomètres plus tard, il s’est brisé en Calabre (La Liberté du 27 février).

Plus de 60 frères et sœurs venus d’Irak, de Syrie, d’Iran et d’Afghanistan ont perdu la vie. Tous fuyaient un pays où ils étaient menacés. Tous rêvaient d’un avenir sécurisant pour leurs enfants. Tous souhaitaient pouvoir contribuer au développement de leur pays d’accueil en y travaillant. Tout comme moi et les membres de ma communauté. Mais cela ne s’est pas passé ainsi. Ni pour eux, ni pour nous.

Nous avons fui le Burundi où nous n’étions plus en sécurité. Nous avons pris un vol pour la Serbie, avant de passer la frontière croate. Nous avons été battus et torturés par la police. Les femmes ont été violées devant leurs maris et leurs enfants. C’était horrible. Nous avons compris que nous n’étions pas les bienvenus. Nous avons poursuivi notre route, en direction de la Suisse, un pays de tradition humanitaire.

Nouvelle désillusion: ici, nous nous sentons traités comme des criminels, sans respect ni considération. On évoque les accords de Dublin pour nous renvoyer en Croatie, sans prendre en compte ni ce que nous y avons vécu, ni ce qui nous y attend. On nous menotte, on nous emprisonne parce que nous refusons de retourner chez nos tortionnaires.

L’Europe érige des murs, rejette. Au prix de vies sacrifiées. Les nôtres et celles de centaines d’autres.

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