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Louis Ruffieux

«Non, l’achat des Gripen n’est pas qu’un caprice de militaires»

«L’option de remplacer les 54 vieux Tiger (un avion développé au début des années 1970) par 22 Gripen se défend, si l’on admet que la protection et la défense de l’espace aérien constituent l’une des missions de l’armée» note Louis Ruffieux. © Alain Wicht/La Liberté

Louis Ruffieux

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5 mai 2014 à 17:54

L’option de remplacer les 54 vieux Tiger (un avion développé au début des années 1970) par 22 Gripen se défend, si l’on admet que la protection et la défense de l’espace aérien constituent l’une des missions de l’armée. © Keystone
L’option de remplacer les 54 vieux Tiger (un avion développé au début des années 1970) par 22 Gripen se défend, si l’on admet que la protection et la défense de l’espace aérien constituent l’une des missions de l’armée. © Keystone

Oublions Ueli Maurer, son petit chalet, son kit pédagogique d’école maternelle, ses witz à deux balles (à blanc). Le 18 mai, nous ne voterons pas pour ou contre le ministre de la Défense, mais sur un sujet sérieux. Ce sera oui ou non à la création d’un fonds pour l’achat de 22 avions de combat: 3,1 milliards de francs qui proviendront, sur onze ans, des dépenses ordinaires d’armement. L’enjeu? Le maintien d’un système de sécurité globale pour le pays. Les Forces aériennes en font partie.

Argumentation en rase-mottes, loopings politiques, procédure de choix contestable, brouillard dans les commandes compensatoires… L’affaire a été mal pilotée, et le Gripen connaît un trou d’air dans les sondages. De plus, comme l’armée compte quelques millions de spécialistes dans le pays, le débat est forcément compliqué. Les idées fusent pour d’autres affectations des trois milliards, qu’il faut pourtant comparer avec les 5 milliards du budget annuel de l’armée. Il y a dans cette enveloppe de quoi se prémunir contre les «cyberattaques», ou garantir une surveillance du ciel en dehors des heures de bureau. Mais encore faut-il que l’état-major politique fasse des choix!

L’option de remplacer les 54 vieux Tiger (un avion développé au début des années 1970) par 22 Gripen se défend, si l’on admet que la protection et la défense de l’espace aérien constituent l’une des missions de l’armée. Près de 3000 avions survolent le territoire suisse en 24 heures. Ce trafic fou requiert une police du ciel capable, au besoin, de riposter. Les 34 F/A-18 n’y suffisent pas. Le renouvellement de la flotte prend du temps: cinq ans pour qu’une escadrille devienne vraiment opérationnelle avec un nouvel avion de combat, huit ans pour former un pilote.

Nécessité d’une police du ciel, lucidité sur les dangers d’un monde dont les foyers de tensions s’allument comme des feux de brousse, en des endroits naguère encore jugés sûrs: non, l’achat des Gripen n’est pas qu’un caprice de militaires. Il relève de la souveraineté nationale.

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Editorial • Pour son dernier éditorial, Louis Ruffieux commente le travail de l'UDC et souhaite «que le parti nationaliste devienne patriote, qu’il redonne la primauté à l’intérêt général du pays plutôt qu’à la conquête du pouvoir à tout prix.»